Cesta de Nadaü Sorozabal-Basque jeunesse triomphante
Pau cancha maudite pour qui s’y présente coiffé d’une couronne mondiale sur la tête ? Huit jours après Imanol Lopez, l’arrière sacré à Biarritz en 2022, c’est Aritz Erkiaga celui qui l’épaulait dans la conquête du Graal durant ce mondial biarrot qui, ce vendredi 13, jour de chance dit-on, s’est vu claqué la porte de la finale de la « Cesta de Nadaü » au nez.
Pardon aux héros de cette seconde soirée, aux auteurs de cette nouvelle révolution, Johan Sorozabal et Thibaut Basque, de ne pas avoir fait sonner d’abord les trompettes de leur succès, mais ils nous le pardonneront volontiers, c’est sûr, eu égard au respect que l’on doit aux maîtres venus rendre les armes sur ce béton palois, l’un après l’autre, l’un derrière l’autre comme si un lien particulier les unissait aussi dans la défaite.
Et trois fois Erkiaga fauta !
Et comme si, aussi cette « Cesta de Nadaü » au format XXL nous annonçait un resserrement des valeurs, on avait presque envie d’écrire un passage de téùoin, avant de s’en garder tant l’écart entre les prétendants fut ténu vendredi, tant il n’est pas sûr que le numéro 1 mondial, le génial Erkiaga refasse un autre jour, une autre fois, trois fautes, deux de gants et un but faux, dans une belle en cinq points. Vous avez compris que c’était bien trop, que ce lourd handicap était insurmontable, sans planche de salut.
On éprouve toujours un peu de peine à voir les plus grands, et Minvielle comme Arkiaga sont de cette race, à mettre un puis deux genoux à terre, mais très honnêtement on aurait eu aussi beaucoup de peine si Johan Sorozabal et Thibaut Basque, toute jeunesse au vent, mais pas seulement, toute puissance aussi, n’avaient pas tiré profit de leur audace, de leur stratégie, de leur promptitude à sauter sur la moindre occasion, à la provoquer, à la construire…
15-13, 13-15 de la dramaturgie à chaque point
Ils n’ont eu peur de rien, ils ont avancé avec dans leur gant une rage qui propulsa la pelote à des vitesses folles, dans des angles choisis et très souvent très à gauche. Il y eut une bataille féroce dans de longs échanges où chaque coup possédait une dramaturgie tant les points valaient cher, très cher… C’est qu’au bilan ils se comptèrent sur le bout des doigts, pensez 15-13 pour les verts et jeunes futurs lauréats et pareillement 15-13 pour les rouges et expérimentés perdants. D’où cette belle qui se jouerait, pensait-on, sur le fil du rasoir comme les 30 premiers points et qui ne fut que le cavalier seul de Sorozabal et Basque menant très vite 3-0 en frappant toujours très fort, « ça venait très vite » confiera David Minvielle au sortir de la douche puis 4-1 après le but faux d’Erkiaga, chose rarissime s’il en est. Le champion eut la réaction du champion pour entretenir encore un soupçon de suspense à 3-4 mais c’est lui qui fauta encore comme s’il était écrit que cette cancha paloise était terre maudite, soudain, pour les têtes couronnées, à moins qu’elle ait choisi d’en couronner d’autres, talentueuses aussi, rageuses également et prometteuses enfin, mais de tout cela le monde de la punta en était convaincu. Bref, Sorozabal et Basque feront de bien beaux finalistes dans un duel France-Espagne inédit.
G. Bouscarel
A suivre, l'analyse technique de la demi-finale par Raymond Cazadebat.