No items found.
En cliquant sur "Accepter", vous acceptez que des cookies soient stockés sur votre appareil afin d'améliorer la navigation sur le site, d'analyser l'utilisation du site et de nous aider dans nos efforts de marketing. Consulter les mentions légales pour plus d'informations.
Accueil
Actualités

Lucas Hourçourigaray, chercheur d'or...vrai

Agen, Bilbao, San Luis, la feuille de route de Lucas Hourçourigaray est toute tracée. Le Lot et Garonne c’est pour défendre la couronne nationale ce qui servirait de tremplin pour la coupe du monde de Bilbao, laquelle le mettrait sur orbite pour l’Argentine et le mondial 2026.
30.3.2025
Partager cet article

Je suis le texte qui sera copié

En "vert", comme en "bleu blanc rouge" Lucas Hourçou brille.
En "vert", comme en "bleu blanc rouge" Lucas Hourçou brille.

Lucas Hourçourigaray est un athlète,  « bien planté » comme ils disaient à l’armée quand le service militaire existait encore, aujourd’hui plus poétiquement parlant on le dirait beau gosse, le corps gâté par la nature c’est sûr, entretenu par le passage régulier en salle de « muscu », très certainement.  Pour autant le garçon  qui file sur ses trente ans n’a pas franchement le profil de l’emploi. Il paraît plutôt tendre, la mine encore un tantinet angélique. Or, les joueurs de cuir, le plus souvent, on les voit promener sur les canchas des bras comme des biscoteaux sans qu’on les gonfle. Damien Bécàas, Sylvain Brefel, pour ne citer qu’eux, émargent  dans cette catégorie des joueurs « forts des halles », « tontons les gros bras », si l’on fouillait dans les cahiers du cinéma on trouverait très certainement beaucoup d’autres formules autour de ces bras de malabars…

Spécialités viriles

Même si, quand il  joue contre eux, ce n’est tout de même pas une version revisitée pelote de David contre Goliath, on aurait volontiers versé  Hourçou dans une autre catégorie, un peu plus soft que la paleta cuir ou la pala corta, les spécialités les plus viriles de la pelote.  Si une fois une seule vous êtes allé écouter le claquement de la pelote contre le mur de frappe,  si une une fois une seule vous avez de vos yeux vu la vitesse à laquelle cette petite boule de cuir, traverse le mur à gauche alors vous comprenez mieux ce classement.

L’essayer c’est l’adopter

Seulement voilà ne chercher pas un chemin de traverse,  il n’y en a pas, il existe une voie un seule,  le jeune homme fit sienne la devise, l’essayer c’est l’adopter. « C’est Pierre Richaud, un éducateur de Laroin qui m’a proposé de venir découvrir la paleta cuir, j’ai tout de suite été séduit, suffisamment pour savoir que je jouerai à ça et rien qu’à ça... » Comme quoi le coup de foudre mène à tout y compris à l’amour  pour une pelote de cuir. Au quotidien c’est pour Camille, sa copine, que son coeur a flanché…

Accélérateur de jeu

Le football de Billère perdait un élément aux qualités certifiées, le « joko-garbi » perdait l’un des siens, sans que ce fut un véritable drame, un crève coeur, « je n’étais pas farouchement accroché au petit gant». Alors que la paleta cuir lui offrait tout ce dont il avait besoin : des émotions fortes,  « une combinaison de beaucoup de choses, la frappe, la vitesse, la violence des coups.» Le fait est que Lucas Hourçourigaray est sur le circuit l’un de ceux qui frappent fort, très fort, l’un de ceux  dont le coup de poignet accélère la pelote avec virulence, il n’est donc pas un lutin au pays des géants. Non non, les apparences sont trompeuses parfois et l’habit ne fait pas toujours le moine, l’éclatante démonstration de ce que l’on avance elle se décline dans un palmarès naissant mais déjà copieux.

Sans accroc puis une claque

Sur la ligne de départ du championnat de France qui s’est ouvert tout récemment, c’est lui le détenteur de la couronne, c’est à sa poursuite que la meute des prétendants  va se lancer et, compte tenu des objectifs qui se profilent à l’horizon, il entend bien les repousser une fois encore le plus loin possible (*). Ce sera accompagné de Nicolas Hourmat, landais du pays d’Orthe, Saint Etienne plus précisément, un arrière de formation auquel  on aurait pu volontiers accoler les même caractéristiques que celles de son avant, lui non plus n’est pas bâti comme un colosse, lui aussi transpire la douceur, ce qui dit bien que la discipline ne s’adresse pas qu’aux seuls gros bras.

Bilbao en ligne de mire

Le duo des champions de France, qui s’est forgé sur le socle d’une solide amitié qui se dit belle complicité sur la « cancha » n’a qu’à jeter un œil sur le calendrier international pour mesurer combien il serait de bon goût de réécrire la même histoire que celle qui se dénoua à Pau en avril 2024, Esquiule avait fourni le plus gros contingent de supporters et la photo de famille réunissant trois générations de Hourçourigaray était flamboyante.

Le lieu des finales nationales sera Agen c’est le premier des grands rendez-vous de Lucas et de son pote Nicolas, le second c’est  la coupe du monde, r cette fin d’année, en octobre, à Bilbao dans le fief des basques espagnols.

Quel que peu assagi

Lucas Hourçourigaray fêtera alors ses 30 ans, le bel âge pour une discipline  qui retarde l’arrivée, à maturité, celui où l’expérience vient tempérer la fougue, où on a appris de ses erreurs passées, et Lucas ne nie pas qu’il fut bel et bien, parfois emporté, par son tempérament, susceptible de le sortir mentalement de la partie et souffrir pour y revenir … « Je ne vais pas changer radicalement et du tout au tout, c’est sûr, mais j’ai déjà bien changé » avance-t-il avec lucidité et non sans  un petit sourire malicieux qui vient nous confirmer que le feu qui brûle en lui ne s’éteindra jamais complètement, que la frontière entre son génie et la folie est étroite !

Champion du monde moins de 22

Un an plus tard, c’est à dire demain, ce sera à San Luis, une ville à l’intérieur des terres arides de l’Argentine, les championnats du monde qui ont, on le sait, pour les sportifs, le même goût que le foie gras pour les gourmands, celui d’en reprendre. D’autant plus quand le goût est d’or ou d’argent, quand les podiums s’accumulent  depuis les cadets, c’est l’âge de sa rencontre avec la discipline et de son premier titre, les autres suivent naturellement ou presque et font grimper l’échelle du bonheur, comme la couronne de Nationale « B » décrochée avec Marc le cousin. Plus fort encore, Biarritz accueille en 2016 le mondial des espoirs, les moins de 22 ans dit-on aujourd’hui. Il y est sacré en compagnie de Florian Lagarde, un certain Nicolas Hourmat  figurait aussi dans la sélection tricolore, tandis que Quentin Hirriberry était l’avant numéro 2.  

Une claque pour mieux repartir

Le parcours de Lucas Hourçourigaray est sans aucune égratignure, du fronton d’Esquiule avec les cousins, à Gotein-Libarrenx pour les vacances chez la grand-mère maternelle, il jongle entre foot et pelote, puis du collège Clermont à Pau au Lycée Cassin et son sport étude à Bayonne, avec enfin un crochet par Toulouse où le CREPS est la référence pour la paleta cuir, il a abandonné la plus grosse des deux balles et comme il ne fait rien à moitié, c’est pour prendre une bonne claque!  A 22 ans, il participe à Anglet aux pré-sélections pour la coupe du monde 2017, il se frotte au plus haut niveau des seniors. « j’étais juste, trop juste ».

L’or de Barcelone, pas tout à fait

C’est Pierre Bonnet-Badillé, l’homme du cuir à la Section  qui le relève et l’arrache à la paleta pour le pousser vers la corta, celle qui se joue avec cette raquette  aussi étroite qu’elle est lourde. « Depuis le départ, depuis qu’il me suit, Peïo, il me voit mieux à corta ». Sur le coup, c’est le bon choix assurément, il décroche sa sélection pour Barcelone 2018 et ce mondial qui voit la France devancer sa grande rivale espagnole chez elle même si c’est en Catalogne.  L’or est également pour les tricolores à corta mais ce sont Dan Necol et Sylvain Brefel qui jouent la finale. Lucas Hourçou rentre avec la médaille autour du cou certes mais il manque encore un petit quelque chose à la breloque, une odeur de « cancha »…

Les crocs à défaut des bras

Il croit l’avoir trouvé à Biarritz, quatre ans plus tard au trinquet Plazza berri où il est revenu jouer à paleta cuir et où il aurait fallu pousser les murs pour caser tout le monde. La finale est un classique France-Espagne, elle est d’autant plus magnifique qu’elle tend les bras aux tricolores… jusqu’au « coaching » espagnol  qui change la face de la partie. Battu 7-10 dans la manche décisive, Lucas Hourçou n’est toujours pas un « vrai » champion du monde chez les ténors...Il n’en a que plus envie le cadre commercial des "grands moulins de Paris",  mais dans le monde du cuir français les places sont chères et pour conserver la leur, tout en haut de la pyramide, Lucas Hourçou et Nicolas Hourmat savent qu’à défaut d’avoir les plus gros bras du plateau, il leur faudra avoir les plus grands crocs...  

(*)A la parution de cet article, Lucas Hourçourigaray et Nicolas Hourmat étaient à 3 victoires sur 3 en poule qualificative du championnat de France

Gérard Bouscarel

No items found.
No items found.