No items found.
En cliquant sur "Accepter", vous acceptez que des cookies soient stockés sur votre appareil afin d'améliorer la navigation sur le site, d'analyser l'utilisation du site et de nous aider dans nos efforts de marketing. Consulter les mentions légales pour plus d'informations.
Accueil
Actualités

Portrait, Aritz Erkiaga

Double champion du monde, Aritz Erkiaga dont Jean Marc Olharan disait ici même qu'il était le "Djokovic de la cesta punta" disputera vendredi la finale du Master I de la Pau Cup. Il a accordé une interview au site de la Section Paloise. Portrait
6.9.2024
Partager cet article

Je suis le texte qui sera copié

Aritz Erkiaga son fils sur les genoux, répond à notre site (photo R. Cazadebat)
Aritz Erkiaga son fils sur les genoux, répond à notre site (photo R. Cazadebat)

Chaque discipline sportive possède en son sein des gens d’une race à part. Ils ne se comptent pas par dizaines mais bien sur les doigts d’une demi-main. Ce sont les champions d’exception, ceux touchés par la grâce à moins que ce ne fut par la baguette des fées au-dessus de leur berceau. Ceux qui doués, voire surdoués, nous envoient chaque fois davantage à la pêche aux superlatifs. Aritz Erkiaga, aussi basque que son nom le dit, appartient, pour la pelote, à ce clan restreint des étoiles. Le puntiste né il y a 37 ans à Ispaster,  village enfoncé au coeur de cette Biscaye, terre fertile en pelotaris autant qu’en supporters de l’Athlétic Bilbao, en a épuisé un stock déjà de ses adjectifs qui montent très haut sur l’échelle, non pas de Richter mais des compliments. El “fenomeno”, “el nuevo rey”, “el mago de Lekeitio” pour ne reprendre que ceux qui sonnent bien aux oreilles de tous, qu’ils soient Iparraldes ou pas, Basques ou pas, Espagnols ou pas, de tous les amoureux de ce jeu de cesta punta en fait et il y en a en Biscaye, suffisamment pour que son fan club soit actif, pour que le maillot rose floqué à son nom fleurisse dans les gradins de ces localités pas seulement fières de leurs églises mais de leur jaïa alaï aussi.  

Féroce sur la cancha seulement

Et lui, l’artiste qui écrit ses mélodies de la pointe du gant, il promène nonchalant au-dessus de cette mer de louanges son mètre quatre-vingt qui le fait élégant, son port altier qui le rend indifférent ou presque, ce regard profond qui l’envoie dans son monde. Et son monde à Aritz Erkiaga  ce n’est ni celui des louanges, ni celui des flonflons, c’est seulement celui de son coin de pays basque, avec sa femme et leur fils, Markel, et puis c’est celui des canchas, là où tout ce qui précède vole en éclat, là où il a l’air détaché mais où il ne l’est pas, là où il semble agneau mais où il est loup, là ou au bout du chistéra il fige le plus souvent son adversaire à la manière du torero quand il fixe le taureau au bout de sa muleta.  

Ne rien écouter

Quand il parle Erkiaga, il est en même temps apaisé et apaisant, tout simplement parce qu’il a été là où le destin voulait qu’il aille, pas davantage, sans jamais le forcer, sans jamais oublier, même pas aux USA, qu’il était d’Ispaster là où les plus grandes joies sont celles qui s’accompagnent de simplicité et d’humilité. Oui, il a gagné 18 tournois les uns derrière les autres et à cheval sur deux saisons, des “winters series” de Gernika à “l’Iron Tour” de Bilbao, mais il a aussi pas mal perdu, enfin plus qu’à son habitude à l’entame de cette saison estivale, “pour autant, j’étais le même, non ? Le sport c’est très relatif, je n’étais pas d’un seul coup passé de tout en haut à tout en bas, sans doute moins bon. Il y a longtemps que j’ai appris à ne rien écouter, les gens sont trop accrochés aux résultats.” pose-t-il d’emblée pour tordre le cou à toutes ces couronnes qu’on lui tresse.  

14 ans aux Etats-Unis  

Oui, il a beaucoup gagné aux USA, là où il a passé 14 ans comme beaucoup d’autres puisque c’était là-bas que battait le coeur de la cesta punta, la triple couronnes (*) notamment la marque des grands, mais y a-t-il été très heureux pour autant, au-delà d’y accueillir son fils à Miami en 2016 ? Il dit seulement que “le retour définitif, en 2021, au bercail ne fut pas plus difficile que ça, parce que la fermeture des frontons, dans les casinos se voyait venir de loin et puis la vie là-bas ce n’est pas celle dont il rêvait pour Markel... La sienne vie, elle fut pelote, immédiatement et exclusivement, “parce qu'au village tu y jouais ou tu ne jouais à rien, tous les enfants y jouaient nous n’avions que ça.”. Et puis s’ils accrochaient les enfants alors la suite c’était l’école de pelote de Lekeitio, la ville d’à côté, tout à côté, même pas cinq kilomètres, Erkiaga a accroché et a joué, beaucoup joué mais “je jouais pour jouer, sans regarder à côté, sans rien savoir des Etats-Unis.” Ils sont pourtant une bonne part de sa vie les “States”, “Oui à 17 ans le déclic s’est produit” aussi naturellement que la pelote était naturelle à Ispaster, “mon frère aîné de cinq ans Aitzol, pelotari lui aussi, avait tracé le chemin et il était parti en Amérique. “C’est en allant le voir en vacances que, j’ai découvert cet univers”.  Un univers pas si impitoyable que ça pour celui qui était déjà plus qu’un espoir à l'époque, et qui passait pro à Markina dès ses 20 ans.  

“Vous avez tout construit”

Désormais seul héritier de la couronne qu’il partageait jusque-là avec Goïko, Aritz Erkiaga s’est-il projeté d’ores et déjà vers le mondial 2026 prévu en Argentine, et où il pourrait briguer un 3ème titre après ceux de Barcelone (2012) et de Biarritz (2022) ? La réponse, vous l’auriez deviné, est à l’image de ce champion, faite de bon sens et de ruralité, “Comment vais-je penser si loin quand j’ai toujours mis ma concentration pas plus loin que sur le tournoi suivant.  Je ne crois pas que l’on puisse avoir plusieurs objectifs à la fois au risque de n’en préparer aucun...”  Comme son prochain tournoi le conduit encore à Pau pour la finale, vendredi 16, du Master 1 de la Pau cup, la porte s’ouvrait toute grande à la question passe partout, que pense-t-il d’un fronton qui n’appartient pas tout à fait au sérail de la punta? Que du bien et pas par complaisance non, “tout ce qui est difficile est plus beau. J’en parlais encore avec Olharan en arrivant, ce que fait Pau, comme la Catalogne, la Navarre, le Mexique, est d’autant plus beau que c’est loin du coeur de ce sport, qu’il faut tout créer, le public, l’ambiance, la culture, je le dis partout où je vais. Bien sûr qu’il y a Gernika, mais là-bas c’est inné la punta, vous, vous avez tout construit et j’aime ça.”  

Rose comme sa vie  

L’entretien se termine, Aritz Erkiaga  va aller se préparer, sans rituel particulier, sans préparation spéciale, sans secret en somme, “ mon expérience me permet de gérer une saison, à mon âge il est davantage question de dosage que d’autres choses”. Markel  va  quitter les genoux de son père, Markel joue à la punta bien entendu et Markel suit papa partout, un maillot rose sur les épaules toujours. C’est celui du fan club d’Erkiaga, l’idole et l’icône de ce coin de Biscaye. Rose comme la couleur préférée du fiston, “un jour à Gernika je devais jouer en jaune et j’ai vu qu’il y avait aussi le rose j’ai demandé à changer pour lui faire plaisir et tout le clan a suivi...”  Rose aussi comme la couleur qu’ Aritz Erkiaga a accroché à sa vie...

*La triple couronne récompense suprême, elle couronne le vainqueur du plus grand nombre de parties, le meilleur joueur individuel et le meilleur avant du double.

G. Bouscarel

No items found.
No items found.