Le 17ème paleta tour, la paleta fait son tour
3 jambons, 6 dortoirs, 17 frontons, 100 bénévoles, 300 compétiteurs, 350 parties, 360 médailles, 400 pelotes, 630 nuitées, 3000 repas ! Que cachent ces chiffres astronomiques, presque dignes du tour de France quand il fait étape à Pau ?
Le « Paleta Tour », messieurs dames, que l’on se devait d’écrire en lettres majuscules par respect pour son âge d’abord, il a cette année 17ans, et pour l’admiration de l’inventaire qui précède et qui ne fait pas état des heures et des heures que son créateur et poutre centrale passe à « batailler » au téléphone, ou devant son PC portable. Ce ne sont d’ailleurs pas des heures, pas même des jours mais des mois, neuf, d’une édition à l’autre, que Pierre Badillé, Peïo pour la pelote passe, au chevet de son bébé, à le faire vivre, l’entretenir, le peaufiner.
Du foot à la gomme puis au cuir
Il a les épaules larges, très larges, Pierre Badillé, le poitevin, que son père, médecin militaire, fit lonsois un jour puis pour toujours, une fois l’armée terminée. Ado, il joue au foot au FCL et puis Daniel Lafargue, créateur du club de pelote à Lons, le regretté Daniel, l’amène au trinquet et en fait un joueur de gomme pleine. L’étape suivante, c’est à la fac, la rencontre avec Christian Capderou qui lui fait découvrir le « cuir » en mur à gauche à Laroin. Le sectionniste de toujours, 34 ans de club, y joue, en extension, l’été. C’est que nous sommes encore à l’époque de la Section-Stadium, pas celle du complexe, donc d’une Section paloise sans activité cuir. Il fait équipe avec Didier Biraben, son premier partenaire, les potes de l’époque sont Arcanuthurry, Lou Poueyou, Alliez...
Un vrai tour du Béarn
Qu’est-ce que le Paleta Tour? Une organisation colossale, vous l’auriez deviné, qui, comme son nom l’indique fait faire le tour à la paleta, la spécialité cuir de la pelote. Le complexe palois et la Section Paloise en sont certes le PC, le centre névralgique, et puis son mur à gauche et son trinquet ne désemplissent pas, mais il essaime le bougre. On joue aussi à Mont, Salles-Mongiscard, Pardies, Denguin, Laroin, Lescar, Billère ASPTT, Turboméca, Meillon, Clermont, Lapuyade, Ousse, Uzein, Sporting d’Este, Morlaas.
La fête oui mais...
On joue à quoi ? A cuir, donc cette spécialité de la pelote qui se décline en deux autres, la paleta et la corta. Et qui joue lors du Paleta Tour ? Des clubs s’ils sont riches en effectifs, ou des sélections s’ils ne le sont pas assez puisque la condition de participation sine qua nun c’est de présenter toutes les catégories d’âge, des poussins aux seniors. Enlevons immédiatement l’épine qui fait un peu désordre dans ce splendide et gigantesque rassemblement. Ni la Section Paloise ni le Béarn ne sont au rendez-vous, dire que ça gâche quelque peu le plaisir de Peïo Badillé est un doux euphémisme. C’est d’ailleurs son questionnement aujourd’hui. Le Paleta Tour, il a beau le cajoler comme on cajole ce qu’on a fait naître, le regarder avec des yeux de Chimène tant il grandit bien, il lui a tout de même fait sacrifier tout ce qui était la partie entraînement au club, de l’école de pelote aux seniors.
« Ce sera long »
Alors comment faire une équipe quand il resta parfois deux joueurs de cuir à l’école de pelote « verte et blanche » . Paleta Tour ou club ? Le choix ne sera peut-être pas aussi cruel pour Badillé. Le Paleta Tour même sans locaux a tout de même fait parler autour de lui, il a aussi fait des émules et aujourd’hui le groupe dont s’occupe Jeff Biraben a belle allure. « C’est le nombre qui fait le niveau, plus il y a de monde et plus le niveau monte » Pierre Badillé ne se décourage pas mais il sait que « ce sera long »…
Pâques franco-espagnole
En attendant, la fête pascale du cuir à Pau s’appuie sur un rassemblement franco-espagnol de grande envergure, les chiffres en témoignent n’est-ce pas. Et l’édition 2025, 17ème du nom, sera même celle du plus grand nombre de participants : 18 équipes, 9 de chaque côté de la frontière, avec deux refus d’engagement et le forfait de la Réunion, pour des raisons de coût et d’éloignement… Soit une potentialité de 21 équipes, mais Peïo Badillé ne veut surtout pas rejouer une version moderne de la grenouille qui voulait se faire…
Non, il sait qu’il faut raison garder quand bien même a-t-il auprès de Gérard Pierrou et du comité directeur de la Section pelote un soutien total, quand bien même le pays basque espagnol ne rêve que d’une chose, découvrir le Peïo local qui donnerait le change…
C’est qu’en débarquant pour quatre jours à Pau, la délégation basque qu’elle soit de Pampelune, de Guipuzcoa, d’Armintza, transporte avec elle sa culture pour le sport et la pelote en particulier, son enthousiasme, sa ferveur, et sa passion, toutes choses qui donnent à ce Paleta Tour un air de grande, très grande, fête.. Et qui le soir de la cérémonie d’ouverture vaut à Peïo Badillé une belle ovation venue de l’aficion…On n’en connaît guère de plus méritée !
Gérard Bouscarel