Imanol Lopez, champion du monde, "Mon obsession gagner, gagner"
S’il vous prenait l’envie, nullement désagréable d’ailleurs d’aller déjeuner à Saint Sébastien ou encore à Markina, vous pourriez, soit au « Aïtana » soit à l’« Idoïa », rencontrer Imanol Lopez et le reconnaître sans même jamais l’avoir vu. Du haut de son mètre quatre vingt treize il se voit de loin, le propriétaire de ces deux restaurants sympas du pays basque, fruits de son énorme carrière de champion.
Mais le plus sûr moyen de l’approcher ce puntiste hors norme, et surtout de le voir en action, c’est encore de vous joindre à nous vendredi prochain, 6 décembre, pour la première soirée de la « cesta de Nadaü, 15ème du nom. Le champion du monde en titre y est à l’affiche en compagnie de celui qui fut champion du monde, Jean Olharan, l’enfant de la maison « verte et blanche ».
Erkiaga suivra
Imanol Lopez est donc le premier des champions du monde en titre à fouler la cancha paloise, le second, qui était son équipier à Biarritz pour conquérir le titre, Aritz Erkiaga, lui succédera une semaine plus tard pour disputer la seconde demi-finale. Ceci pour simplement vous faire toucher du doigt, plutôt des yeux au demeurant, la qualité du plateau réuni par la Section Paloise, elle est exceptionnelle. Vous faire toucher des yeux encore, combien les joueurs les plus reconnus de la cesta punta tiennent Pau en haute estime pour y venir sans jamais se faire tirer l’oreille et avec un plaisir qu’ils n’ont pas peur, ni l’un ni l’autre, d’exprimer haut et fort.
On ne va pas vous entretenir de palmarès, ce serait fastidieux, usant et fatiguant tant ça ressemblerait à une litanie. Lopez-Erkiaga ont tout gagné et partout, on dit partout puisque les deux enfants de la Biscaye sont partis à 20 ans aux Etats-Unis, en Floride surtout, là où la Cesta punta déplaçait les foules et faisait courir le monde des célébrités. Là où aussi les meilleurs, et ils en étaient, gagnaient beaucoup d’argent.
Lopez pour gagner...enfin !
Il y a comme souvent pour ne pas dire toujours, une exception pour confirmer la règle : Imanol Lopez n’a pas gagné partout! Il manque à son tableau de chasse, un grand classique du circuit : la « Cesta de Nadaü » !
Cela peut paraître impensable mais c’est ainsi et le paradoxe, ou le joli clin d’oeil, veut qu’il dispute cette quinzième édition aux côtés de celui qui est le recordman des succès, sept, Jean Olharan on l’a dit.
Venir voir Imanol Lopez, grand et solide quadra qui ne fait pas son âge, grand et solide quadra dont le visage se glace et le regard se fige dès qu’il met un pied sur la cancha, venir voir Imanol Lopez c’est comme prendre une assurance tout risque pour son auto, la garantie d’un grand moment de sport, l’ exemple d’une concentration dont il ne sortira qu’une fois le dernier point achevé. Alors vous le reverrez sourire, assumez ses obligations de champion sans le moindre problème… Pas avant.
C’est ce grand champion auquel nous avons eu le plaisir de poser quelques questions à quelques jours de sa venue à Pau.
"Pau c’est un grand fronton"
*Imanol quel regard portez vous sur Pau, sa pelote, son complexe, son environnement, son ambiance ?
« C’est un haut lieu de la cesta punta et on pourrait croire que c’est une réponse de politesse, mais ce sont les évènements qui le disent, Pau a été organisatrice d’un championnat du monde, c’est tout de même pas peu de choses. Çà ne peut se faire qu’en s’appuyant sur un grand club, qu’en disposant des installations nécessaires, Pau a tout cela et elle est devenue un « grand fronton » comme nous disons entre nous. Je pense que Pau s’appuie sur de grandes valeurs de travail pour progresser comme elle le fait sur la carte de la cesta punta. »
*On croit savoir, mais dans quel état d’esprit aborderez vous cette « Cesta de Nadaü que vous n’avez pas encore gagnée ?
- « Je vais être aussi direct que je l’ai été dans ma première réponse à votre question. Je viens pour gagner. Je ne joue qu’avec cet objectif depuis toujours, gagner, gagner. Ce fut mon moteur numéro dès que j’ai mis un gant. Alors oui je viens pour gagner et Jean Olharan me connaît suffisamment pour le savoir. Mais bon,le plateau est d’un tel niveau que la volonté ne sera pas suffisante il faudra mettre les ingrédients aussi... »
"Partir à 20 ans c’est compliqué"
*Vous êtes partis aux Etats-Unis très jeune et vous y avez fait une carrière extraordinaire ?
- « Merci ! Oui j’avais 20 ans lors de mon premier contrat avec le casino de Dania, j'y suis resté deux ans de 2004 à 2006. Ce fut très compliqué de s’adapter, tout est différent, jusqu’au sport que vous pratiquiez et celui que vous allez pratiquer… Tout était un autre monde. Je suis ensuite venu à Miami où tout était plus facile et où je retrouvais pas mal de compatriotes.
Après tu as un job et tu dois le faire le mieux possible et puis tout devient une habitude...On rentrait tout de même tous les étés au Pays Basque »
*Vous en êtes partis avant le déclin total et la fermeture de tous les jaï des casinos ?
« Non, pas exactement j’avais fait onze ans à Miami et j’ai eu une proposition de contrat à Mexico qui ouvrait son nouveau jaï alaï j’y suis donc allé, c’était une bonne expérience d’autant que je n’ai pas fait que jouer à la punta j’ai également travaillé chez « American express »
« La retraite? Mon corps me dira »
*Votre âge ne vous empêche pas de continuer à gagner et briller sur les canchas, mais il est tout de même là, avez vous planifiez votre retraite sportive ?
- « Pas du tout ! C’est une chose à laquelle je ne pense même pas. Pour la simple et bonne raison que c’est mon corps qui me dira stop, c’est lui qui fait jouer Imanol Lopez et si lui ne peut plus alors… Mais je vous le redis ce n’est pas à l’ordre du jour du tout, j’irai jusqu’où mon corps ira. »
*On ne va pas vous demander le secret d’une telle longévité au plus haut niveau, vous nous diriez qu’il n’y en a pas alors une recette au moins ?
- « La recette vous savez elle est simple, elle est celle de monsieur tout le monde et puis celle de tous les sportifs. D’abord être en bonne santé et si on l’est alors il faut ajouter une bonne condition physique. A partir de là, c’est le travail qui intervient et c’est lui qui vous fixera vos limites.
Après, pour nous sportifs, moins on se blesse et mieux c’est, mais de cela ce n’est pas nous qui décidons, il y a une part de chance aussi.
Et enfin la punta se joue à deux donc il faut pouvoir posséder un bon équipier. »
Nous n’avons pas demandé à Imanol Lopez si Jean Olharan serait un bon équipier à Pau ? Nous connaissions aussi la réponse, dès lors qu’au terme d’une partie remontant à une grosse dizaine d’années, Lopez, secoué par le palois et Nicolas Etcheto, avait fait cette déclaration : « celui-là, il a vraiment tout pour aller loin, très loin. » Il ne s’était pas trompé.
Recueilli par Gérard Bouscarel