Ch. Loustaudine, président de l'omnisports: "la pelote est source de titres"

On pourrait aisément, à la manière de Prévert dresser l’inventaire de toutes les activités, toutes les fonctions, qui meublent la carrière de Christian Loustaudine, éternel jeune homme sur lequel les années ne semblent pas avoir le moindre poids.  Oui on pourrait, mais l’image qui s’accroche à son personnage c’est celle d’un champion qui eut, comme une célébrité, non pas deux amours mais deux passions, la pelote et l’ovale puis l’ovale et la pelote. Aujourd’hui, cet athlète hors norme qui soigne scrupuleusement, méthodiquement son entretien,  préside aux destinées de la Section Paloise omnisports, c’est à dire qu’il est à la tête de douze sections, de toutes les sections à l’exception du rugby pro, mais il siège aussi au comité directeur de la pelote, pelote dont il était il n’y a pas si longtemps un éducateur du mercredi, preuve de ce que son cœur a toujours un tantinet balancé.

Sait-il avec une certitude totale d’ailleurs  si par un soir d’été 1974 il avait été champion de France de grand gant contre Guéthary,  la pièce serait retombée du même côté, le côté qui lui fit définitivement se consacrer au rugby pour lequel il était aussi bien taillé.

Rien que le rugby

Le titre leur tendait les bras aux sectionnistes. 42-40 but à eux il n’y a plus guère de doute, Gérard Badets, Gérard Pierrou et Christian Loustaudine vont l’achever à cet arrière adverse qui souffre le martyr… Oui mais le jour tombe et la nuit s’avance. Voit-on encore assez clair pour finir ? Bien sûr affirme le camp palois, pas du tout contredit le camp basque, la décision  est entre les mains du juge : on rejouera demain en repartant à 2-0 pour la Section !  Le lendemain, c’est la Section qui souffre sur la cancha et qui n’existe pas. Cet épisode malheureux, Christian Loustaudine s’en attribua  l’entière  responsabilité, la porta sur ses solides épaules, et culpabilisa longtemps. Il mit cette frustration sur le compte de l’extrême fatigue liée à une semaine de stage avec l’équipe de France espoir de rugby. Il comprit  que l’heure de trancher était venue... Ce fut le rugby, tout le rugby, rien que le rugby. La Section Paloise, via l’avenir de Bizanos, enrichit ses effectifs d’un garçon dont l’

élégance et l’appel des grands espaces préfiguraient  déjà le profil des 3èmes lignes modernes.  

En activité maximum

Retraité des pelouses, Christian Loustaudine prit les anciens sous sa coupe, les anciens et l’omnisports puis l’omnisports tout seul. C’est que c’est un gros barnum l’omnisport « vert et blanc » et il convenait tout de même qu’il se ménage quelques espaces pour ses sorties en vélo, on ne parle pas de randonnée ou de promenade, non ça pédale dur et grand plateau dès que possible. Et puis quelques espaces pour la pelote aussi, si tant est qu’on ne perd jamais totalement de vue ses premières passions. Il appartient à la sélection sévère qui, chez « Etchebarne », dispute son championnat du monde avec Jean Marc Olharan  en maître des lieux  et régulateur. Il y a là Damien Traille, Patrick Iribarne, Gérard Pierrou, Tamtam, Ithurria père bien d’autres encore.

C’est avec la casquette du président de l’omnisports qu’il  a bien voulu accorder au site cet entretien.

Président que représente la Section omnisports à l’heure actuelle ?

- « C’est simple, ce sont 12 sections sportives autonomes auxquelles il convient d’ajouter l’amicale des anciens. Et ça représente quelques 2000 licenciés»

Quelles en sont les locomotives ?

- « Si l’on parle en terme de licenciés ou de pratiquants alors la natation et le rugby amateur sont les plus gros pourvoyeurs, si l’on parle en terme de titres et de trophées alors l’escrime et la pelote sont devant toutes les autres sections. »

Quelle est l’organisation de l’omnisports ?

- « Elle est gérée par un conseil d’administration  de 38 membres, élus par leurs pairs. Chaque section est représentée au CA avec un nombre de places au prorata de leur ancienneté, de leur nombre de licenciés, d’autres critères aussi. Mais le minimum est d’une voix. Aujourd’hui le rugby amateur a 15 sièges, la pelote en a 6, elle vient avec l’escrime de se voir attribuer un siège de plus. »

Qu’est-ce que vous êtes censé amener  à toutes ces sections ?

- « Trois choses essentielles qui visent à réunir sous l’éthique Section Paloise. Aujourd’hui quand on parle Section Paloise ça ramène au rugby pro, la Section ce n’est pas le rugby pro, ce ne sont pas les 12 sections, c’est une famille. Je dois amener la culture de cet esprit de famille. La deuxième chose que l’on amène c’est la mutualisation, elle doit être maximum au niveau des compétences, du matériel des infrastructures même si dans ce domaine nous sommes en retard. Enfin on doit amener  de la convivialité. C’est à dire apprendre à se connaître, à partager. C’est le but de la journée omnisports qui réunit tout le monde autour d’un triathlon. Puis d’un moment de retrouvailles »

Rêvez vous d’autre chose, plus matérielle plus palpable ?

- « Oui, je rêve et nous rêvons de disposer d’infrastructures communes à toutes les sections. Aujourd’hui nous sommes éparpillés au quatre coins de la ville, nous sommes vieillissants. Nous avons travaillé sur plusieurs projets que nous avons soumis à la ville de Pau, notamment celui d’une extension du complexe de pelote. Ce que l’on souhaite  c’est retrouver la convivialité que nous avions au Stadium de la gare. Mais on manque de moyens, il n’y a plus en haut lieu le nerf de la guerre... »

L’ancien pelotari que vous êtes pose-t-il un regard plus attendri sur la section pelote de votre ancien partenaire Gérard Pierrou ?

-Absolument pas, j’ai joué à la pelote certes mais j’ai aussi pratiqué l’athlétisme, et j’ai joué au rugby...Le rôle du président c’est de réunir, d’unifier. Je vous l’ai dit mon but c’est de faire parler de la Section comme d’une entité pas seulement d’une équipe de rugby. »

La pelote reste avec l’escrime votre plus grand pourvoyeur de titres et de trophées ?

- Oui. L’escrime est un sport en vogue actuellement et la Section, à l’image d’ Alain Coicaud, possède des éducateurs et des maîtres d’armes qui sont des pointures. En ce qui concerne la pelote, ce n’est pas nouveau, de tout temps à jamais, elle a été pourvoyeuse de titres. Ça s’explique par le fait que durant des années et des années elle faisait pratiquer beaucoup de spécialités, donc elle multipliait les possibilités de gagner. D’autre part la Section a toujours eu dans ses rangs de grands champions  et enfin vous conviendrez  qu’il est quand même plus facile d’être champion  à la pelote, qu’au judo, au karaté ou à l’escrime etc etc. »

Une dernière question plus personnelle, n’auriez vous pas aimé pouvoir jouer à cesta punta, vous qui en suivez toutes les soirées  ?

- « Si bien sûr et c’est mon grand regret ! Je suis naturellement gaucher, tout comme Gérard Pierrou, et à l’époque les joueurs espagnols, que mon père allait souvent défier chez eux, lui avaient dit, « si ton fils veut jouer à cesta punta un jour il faut qu’il joue de la droite à grand chistéra »… Alors j’ai tout changé, mais pour la pelote seulement et ça ne m’a pas servi à grand-chose puisque nous n’avions rien pour aller nous entraîner à punta »

Recueilli par Gérard Bouscarel

*Sur notre montage photo, un aperçu de ce que fut et de ce qu’est la carrière de Christian Loustaudine, pelotari puis rugbyman, en représentation avec deux autres présidents Gérard Pierrou et Lilou Echeverria, en maître de cérémonie  de la soirée de l’omnisports, en ancien de la pelote retrouvant des copains...

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