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Moi, la pelote

Moi pelote, je vais vous conter mon histoire.
19.6.2024
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Je suis le texte qui sera copié

“Dès que la partie commence, je suis la plus suivie par les spectateurs, que ce soit à l’intérieur du jaï alaï, ou au soleil du fronton. Vous m’avez reconnue j’en suis certaine, c’est moi, la pelote. Je suis la plus regardée, je suis aussi l’objet de toutes les convoitises des pelotaris, mais sait-on qui suis-je pour autant ? J’en doute. Aussi ai-je décidé de me raconter aujourd’hui puisque dès que je casse je rejoins l’atelier de réparation que le club vient de me consacrer au second étage du complexe du Cami Salié.

C’est que je lui coûte de plus en plus cher à Gérard Pierrou! Comme toute chose j’ai vu mes prix grimper, selon la spécialité pratiquée, je vaux désormais de 50 à 90 euros à l’achat. Et comme je suis fragile ils ont besoin de 600 à 800 exemplaires selon les saisons, les pelotaris qui me balancent contre le mur aussi fort qu’ils le peuvent. Je suis donc une ligne rouge dans le budget de Jean Marc Olharan. Voilà pourquoi, Jean Dominique Olharan, le fils, champion de cesta punta  est allé voir d’abord, apprendre ensuite, à Biarritz, chez Laurent Sorozabal, le père des champions, comment il me réparait. Jean Do, c’est vrai, il a des mains et puis beaucoup de patience. Au club il réparait déjà les gants en osier. Il avait appris sur le tas au Mexique quand avec son pote équipier Julien Ihitsague, menuisier de son état il fallait se “démer... “ faute de “cesteros”.

Noyau de latex ou bille de buis

Revenons à moi dame pelote. A mon existence, avant de passer aux mains du mécano. Je nais autour d’un noyau de latex pour les puntistes, les joueurs de xaré, et du cuir. Il est assez gros, “entre 95 et 108 grammes” vous dira Christophe Pierrou, d’autant plus au fait de ces précisions que pour ses “écoliers” il choisit les plus légères une fois terminées. Je pèse, prête à jouer  entre 105 grammes, pour les poussins et 140 pour les séniors, vous pouvez lui faire confiance au responsable de l’école de pelote, c’est un expert en la matière. Le noyau est beaucoup plus petit pour les pelotes des joueurs de grand gant ou de chistéra, une bille de buis de moins de 10 grammes. Autour de ces deux noyaux on enroule de la laine que l’on recouvre ensuite de deux peaux de chèvre qui vont être cousues tour à tour... Vous avez certainement vu combien les joueurs s’appliquaient à me choisir avant le début de la partie, vous avez certainement entendu les spécialistes parler de moi en termes de vivacité de mollesse, c’est que, selon le poids du noyau je suis effectivement plus vive ou plus lente, enfin façon de parler puisque le suis la “balle” la plus rapide de tous les sports, j’ai déjà été chronométrée à plus de 300km/h.

Les peaux de Logroño

C’est d’ailleurs cette vitesse qui fait que la couture puisse lâcher ou encore que la peau s’ouvre et se déchire. En moyenne on me consomme deux à trois fois par parties d’où l’intérêt de me faire réparer sur place, c’est une question d’économie mais aussi d’autonomie puisque les spécialistes de la chose se font rares. Tenez, je vous disais que je naissais d’une peau de chèvre et bien sachez qu’il faut aller jusqu’à Logroño pour les chercher. Si l’on boit du bon vin dans de nombreuses “bodégas” de la capitale de la Rioja, en revanche, Théodore Benaiges Jacque, est le seul et unique marchand de peaux de chèvres servant à ma fabrication.  Les palois n’ont pas fait le voyage à vide vous vous en doutez, ils en ont ramené un stock de peaux, des  parcheminées donc et puis des plus souples pour le grand gant. Mais ils se sont aussi arrêtés à Hendaye prendre leur commande de moules, pas de celles que l’on mange bien entendu, mais de ceux de ma forme toute ronde, et puis arrêtés encore à Biarritz chez “Soro” puisque Laurent leur a prêté une presse en attendant que la leur soit terminée. Une presse qui en a vu passer un paquet de mes collègues, et un gros, elle a 80 ans la presse peut-être plus. Jean Do peut y aller elle a du répondant.  

Du traçage, au séchage via la presse

Remarquez, quand il nous presse pour la deuxième fois, lui qui continue à se faire la main, il en a terminé de la réparation. Il a débuté par le traçage d’un “huit “ sur la peau en veillant à utiliser un maximum de surface pour ne pas gâcher, puis il a découpé ses “huit” qu’il a mis à tremper (plus longtemps pour les peaux de place libre que pour les autres, mais jamais moins de 10 minutes). Soigneusement, il agrafe ses peaux humides en veillant à ce qu’elles épousent parfaitement mes courbes, et puis comme toutes les couturières du monde, il prend une aiguille, grosse, du fil, gros, il cherche le chas et puis il coud. Il lui faut  entre 30 et 40 minutes par pelote, la peau parcheminée étant plus dure que l’autre. Je prends alors ma forme presque définitive mais il me reste à passser sous la presse une première fois, puis une seconde mais après 24 heures de séchage, car la peau la plus dure se rétracte, l’autre se relâche. Je suis alors fin prête à servir ces messieurs ou ces dames, prête à être la plus regardée sur la cancha.

Voilà, désormais quand vous me suivrez des yeux sur les canchas, vous me connaîtrez un peu mieux  puisque je me suis présentée à vous.

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