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Marie Laugié, punta-passion au féminin

Ariégeoise d’origine, Marie Laugié forme avec sa compatriote Romane Mercadier, l’équipe féminine de cesta punta de la Section paloise. La reconnaissance de la punta au féminin ne fut pas une simple formalité, des levers de rideau au mondial de Biarritz, l’itinéraire de notre ingénieure en géologie reconvertie n’a pas été un long fleuve tranquille...
19.10.2024
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Marie Laugié, coté pelote, côté vendeuse.
Marie Laugié, coté pelote, côté vendeuse.

Elle ne s’est pas découragée souvent Marie Laugié, pas autant de fois qu’elle aurait pu, peut-être dû même. C’était au retour d’un séjour professionnel en Norvège où ses fonctions d’ingénieure en géologie l’avaient envoyée  étudier les données suite aux explorations pétrolières et sismiques. Rien ne bougeait sous le ciel de la cesta punta au féminin, pas la moindre compétition, pas le moindre entraînement, rien sinon la gentillesse de José Diez lui faisant profiter des conseils qu’il prodiguait à Gaby son débutant de fils, une fois par semaine... Sa passion pour ce sport en prit un coup et si elle ne l’abandonna pas totalement c’est avec le clan des loisirs qu’à son retour elle remit le gant, loin de l’idée qu’elle s’était faite en venant à Pau, de son Ariège natale, « pour les études à l’UPPA oui, mais aussi et surtout pour la pelote » confie-t-elle le plus naturellement aujourd’hui et avec un large sourire.

La traversée du désert

Son obstination mêlée à sa passion ont été récompensées, et si on est loin encore de la parité sur les canchas, les féminines disputent désormais un championnat de France. Pas le leur entièrement, cela reviendrait trop à un duel entre le BAC Biarrot et la Section Paloise, mais celui des minimes du groupe A, soit des garçons de 14 et 15 ans.  « Contre ceux qui sont déjà très développés  nous sommes en dessous,  contre ceux qui le sont moins  nous sommes au dessus, si bien que nous sommes milieu de tableau »  analyse la puntiste en pointant le déficit de puissance des filles mais en se réjouissant de l’avancée  réalisée.  C’est à la fois peu mais c’est aussi beaucoup  pour celles, qui  faute d’encadrement, de considération aussi, se contentèrent longtemps de jouer pour le plaisir en lever de rideau des garçons. Les pionnières de la cesta punta au féminin se comptaient alors sur les doigts de la main. Les nommer c’est aussi la manière de Marie Laugié de leur rendre hommage, Loreline la biarrote, Marlène et Mélodie, les sœurs de St Jean Pied de Port, Aude Laugié sa sœur et puis une catalane de Barcelone, Mariona, suffisamment « fondue » de ce jeu pour rejoindre le groupe à chaque occasion. Marie Laugié n’a rien oublié de cette traversée du désert : « la première partie féminine qui a eu lieu à Pau, c’était en 2009, je l’avais moi-même organisée. ». Dans ce contexte exposer la punta au féminin en lever de rideau d’un Mexique-Espagne lors du mondial de Pau en 2010 relevait du bâton de maréchal, presque le Graal !

Le gant efface la pala      

Jérôme Portet, Romane Mercadier, Marie Laugié : on tient là une filière qui de Pamiers mène directement en Béarn avec un passeport estampillé pelote, oui mais pour Marie Laugié le parcours effectue un large crochet par le Pays Basque, à Helette plus précisément . C’est là que chaque année en compagnie de ses parents, la jeune Marie passe ses vacances. Alors,  tout naturellement elle découvre et s’essaie à la pala. Comment pourrait-il en être autrement au pays où partout, tout de suite après l’église, s’élève le mur du  fronton. ?  Elle est donc plus qu’une débutante quand, à treize ans, en 2002, elle signe sa première licence chez elle à Pamiers. Le club y est bien ancré certes depuis 1948 mais il manque d’un second souffle, la chance de Marie et d’une dizaine d’autres jeunes c’est qu’ il se trouve quelques irréductibles comme Gérard Dhers le président, Henri Portet, le père de Jérôme devenu palois lui aussi, pour le faire reverdir, pour relancer l’école de pelote, se battre pour la pelote au féminin. La jeune Laugié  joue à la pala bien sûr, c’est ce qu’elle sait faire de mieux. Et puis un jour, comme ça pour voir,  elle essaie le gant et le verdict est immédiat: «je n’ai plus jamais eu envie de l’enlever.»

Entre Pamiers et Hélette, il y a Pau, son université son club de pelote et ce complexe tout neuf, c’est l’idéal pour poursuivre des études de haut niveau et jouer à la pelote, en place libre ce qu’elle connaît, et puis dans le jaï alaï ce qu’elle ne connaît pas.  Marie n’a pas besoin de plus  pour franchir le pas, à 18 ans la voilà béarnaise poursuivant des études la menant jusqu’à Bac + 5 enfilant, le gant d’osier, attendant, espérant aussi, que « ça bouge » un peu en haut lieu, et puis regardant, envieuse, l’Espagne prendre une avance considérable ...  

Le déclic enfin

Ce déclic, ce soubresaut, cet éveil,  appelez-le comme vous voulez, il arrive enfin dans les années 2020 avec la mise en place d’une structure fédérale dont Didier Lopez a la charge. Alors Marie Laugié retrouve le sourire et surtout des compétences qui lui sont très utiles. Christophe Pierrou, Jean Olharan, Jérôme Portet sont des soutiens XXL pour la technique et elle en manque. Elle n’a pas peur de dire qu’elle a appris à « erreboter(*) » à 30 ans. Pour le physique c’est avec Sophie Claverie qu’elle travaille. Elle y met d’autant plus d’enthousiasme Marie Laugié, qu’à Biarritz, Laurent Sorozabal effectue lui aussi un gros travail dans la perspective du mondial programmé à Biarritz en 2022,. Sa fille, Ohiana complète avec bonheur le quatuor familial des puntistes.

La punta féminine sera bel et bien inscrite au programme de ces championnats du monde, Marie Laugié fait partie de la sélection française; elle dispute désormais un championnat avec Romane Mercadier ariégeoise comme elle, et inscrite au Prythanée sportif; Paloises et Biarrotes  se disputent la suprématie chaque saison  en attendant que d’autres, comme Pamiers, les rejoignent.

De la punta aux « madeleines »

La paloise se contente d’être remplaçante dans une équipe de France surclassée par l’Espagne, peu importe le chemin parcouru depuis les lever de rideau jusqu’au mondial, suffit à son bonheur et  fait surtout renaître des objectifs ambitieux, celui d’un nouveau mondial 2026 en Argentine par exemple, avec un rôle de titulaire de surcroît…

Après, c’est clair, « je m’impliquerai dans mon sport, je suis si contente quand je vois venir à nous une fille... ». Ce n’est pas tout, elle s’appliquera à développer son commerce des madeleines… Marie Laugié vient effectivement d’effectuer un virage à 180 degrés sur le plan professionnel, lasse des voyages, de la géologie aussi  et puis soucieuse de s’ancrer davantage dans la vie locale elle a tourné le dos à son métier d’origine pour créer sa propre entreprise. Elle fabrique et commercialise les « madeleines » quelle aimait tant plus jeune. A défaut de la voir jouer à la cesta punta vous pouvez la rencontrer sur son stand sur les marchés de Jurançon et de Billère pour l’instant, vous pouvez lui passer commande aussi.

Marie Laugié  ne l’ignore pas, elle démarre de zéro ou presque dans sa nouvelle vie, mais elle a déjà une expérience en la matière, à la pelote aussi elle est partie de très très loin, alors le parcours du combattant elle le connaît.

(*) Erreboter, c’est le geste qui consiste à reprendre  une pelote qui revient du mur du fond  sur lequel elle a rebondi suite à une frappe très puissante  que l’arrière n’a pas repris laissant à son avant le soin d’...erreboter

Gérard Bouscarel

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